Je ne connais pas beaucoup de personnes qui ont la joie de vivre aussi pure et simple que ma fille.
Tout est beau, tout le monde est gentil, la vie est pleine d'amour, les tristesses disparaissent rapidement, les maux guérissent sans séquelle, un bisou suffit pour consoler.
Elle a une tolérance presque sans borne (je ne connais que son frère qui arrive à la limite et ce avec beaucoup d'efforts!), accepte tout le monde tel qu'il est, ne fait jamais de peine à personne volontairement, n'a pas une once de malice. Même pas une pincée. Elle a le rire et le pardon faciles et demeure le meilleur public de son frère.
Des fois, j'aimerais vivre dans son monde.
Je trouve ma job particulièrement difficile comme parent quand je dois péter sa balloune et l'informer, la préparer, la prévenir que le vrai monde n'est pas tout à fait tel qu'elle le voit. Il y a des méchants comme des pédophiles ou des kidnappeurs, des voleurs, des tueurs d'enfants. La guerre entre humains dure depuis toujours et elle va durer encore jusqu'à la fin des temps. Ma fille a trouvé une solution quand elle avait six ans: les gens de différents pays devraient se parler et s'entendre, partager l'espace, et respecter la religion de chacun. C'est tellement vrai et naïf à la fois... Elle a raison, pourtant ça ne se passe jamais comme ça.
Il y a de la maladie qui frappe n'importe qui, pour aucune raison. Il y a l'injustice qui demeure inexplicable quand elle n'aurait même pas l'idée que ça puisse passer sans correction ou punition. Il y a des deuils à vivre, comme la mort de son chat adoré qui parvient à lui arracher une larme encore.
Les amies peuvent trahir, blesser, vexer et ça peut arriver n'importe quand. L'amour parfois se transforme en haine ou en jalousie. La fatigue peut rendre un parent impatient, sans autre raison.
Je parle ici de ma fille d'il y a quelques années.
Elle a maintenant neuf ans, et sa balloune a souvent été pétée. Malgré ça, elle reste douce, gentille, facile à pardonner, généreuse et légère, bon public et elle garde son rire facile. Je lui souhaite de s'accrocher à son monde le plus longtemps possible, avant qu'il ne reste que le monde qu'on connait: celui de la vraie nature humaine, avec tous ses défauts, carences et méchanceté.
Son frère, plus vieux, la regarde avec un air tendre (quand il n'a pas envie de la jeter par la fenêtre) et m'a dit une fois: "Elle va faire profiter d'elle plus tard". Il dit tout haut ce que j'appréhende depuis longtemps.
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